À la recherche du temps perdu (1913-1927)

de Marcel Proust

Dans un moment d’ironie dont lui seul avait le secret, François avait affirmé qu’il n’enseignait jamais les œuvres littéraires qu’il respectait le plus de crainte d’essuyer une révolte dans ses salles de classe. Si cette affirmation était hautement exagérée vu le corpus exigeant qu’il mettait au programme (pensons à Céline et à Nancy Huston, qu’il n’a pas craint de faire lire à ses étudiants et qui comptaient parmi ses auteurs préférés), elle s’applique pourtant à Marcel Proust (1871-1922), monument littéraire auquel s’attaquent peu d’enseignants de niveau collégial vu le peu de rebondissements qu’offre son « intrigue ». C’est à la suite du décès de son père René de Chantal (justement spécialiste de l’œuvre de Proust) que François m’a offert son exemplaire d’À la Recherche du temps perdu (1913-1927) dans les trois volumes de l’ancienne édition de la Pléiade (il venait lui-même d’en recevoir d’autres copies en héritage). Cette édition signée et annotée de sa main, qui semble dater de l’époque de ses études universitaires et que j’ai relue durant les dernières vacances d’été, reste le souvenir matériel le plus précieux que je vais maintenant conserver de lui. Écrite entre 1906 et 1922 et comptant sept tomes dont les trois derniers parurent après la mort de l’auteur, La Recherche est en effet loin de présenter une suite de péripéties, offrant plutôt au lecteur une réflexion sur le temps, la mémoire et la littérature elle-même. De Combray à Tansonville, en passant par la station balnéaire fictive de Balbec et par les derniers salons aristocratiques du faubourg Saint-Germain, l’œuvre est plantée dans le contexte sociopolitique très particulier du début du vingtième siècle entre l’affaire Dreyfus et la Première Guerre mondiale. Contexte servant de toile de fond à l’analyse psychologique serrée du héros et narrateur, tout simplement nommé Marcel dans les milliers de pages qui le mettent en scène, intéressé aux « intermittences du cœur » qu’il observe dans ses rapports avec autrui et aux soubresauts de la mémoire involontaire, seule capable de faire réellement revivre le passé.

Éric Paquin, le 22 février 2017.

Pour vérifier si le titre est disponible
À la recherche du temps perdu – PQ 2631 R63 A7 1997